Le brainstorming est un outil au service de la créativité redoutablement efficace… si on l’utilise correctement. Le mot est souvent galvaudé : les confusions avec joyeux délire ou communication débridée sont fréquentes. Cependant, le brainstorming est une approche précise, un processus complet que nous vous proposons de redécouvrir ici.
Il était une fois….
Alex Osborn, publicitaire américain, invente le brainstorming, technique d’idéation de groupe, en 1940. Ce mot anglais vient de « brain », cerveau et de « to storm », faire de l’orage. Ainsi, brainstorming est souvent traduit par remue-méninges ou tempête de méninges. Le terme anglais est entré dans le français courant, il est donc largement usité, on le trouve dans Le Petit Larousse avec pour définition : « Technique de recherche d’idées originales, surtout utilisée dans la publicité et fondée sur la communication réciproque dans un groupe des associations libres de chacun de ses membres. ».
S’il trouve effectivement son origine et une utilisation importante dans l’univers de la publicité, il est aussi aujourd’hui largement utilisé dans le monde du travail et le milieu associatif. En effet, collecter un maximum d’idées nouvelles et originales en réponse à une situation définie en un minimum de temps est une préoccupation plus que partagée. J’aime cette méthode car elle fait appel à la puissance du groupe et est un excellent point de départ pour introduire la dimension collaborative dans une équipe.
A l’image d’une respiration, le brainstorming s’inspire du vivant…
Une fois l’objectif défini (situation qui ne donne pas entièrement satisfaction, problème à résoudre…), le brainstorming se décompose en deux temps, exactement comme une respiration : d’abord une ouverture, puis une fermeture.
- La phase d’inspiration: elle porte idéalement son nom ! Son objectif est d’ouvrir le champ des possibles, d’inspirer, de « prendre l’air » pour donner naissance à des idées nouvelles. En mettant de côté tout jugement, tout préjugé, tout ce qui peut nous freiner, cette phase incite le groupe à ne rien filtrer de ses idées, à rebondir sur les propositions, à penser en dehors de son cadre habituel (« think out of the box »). Cette étape fait appel à ce que l’on nomme la pensée divergente, « logée » dans l’hémisphère droit du cerveau. C’est elle qui nous permet de faire foisonner les idées sans aucune restriction.
- La phase d’expiration: après une bonne bouffée d’oxygène, on « filtre » tout ce que l’on a inspiré pour ne garder que ce qui est bon et utile. Cette étape fait appel à la pensée convergente, « logée » quand à elle dans l’hémisphère gauche du cerveau. Centrée sur le raisonnement par opposition à l’intuition, elle nous aide à trier, évaluer, transformer les idées en solutions abouties et viables.
Ces deux temps d’ouverture et de fermeture font appel aux 2 grands modes de pensées de l’Homme.
…et tout processus vivant est animé !
Le brainstorming est à l’instar de la respiration, un processus vivant. Qui dit vivant, dit animé et qui dit animé, dit animateur !
Un animateur qui facilite le processus est indispensable à la réussite du brainstorming. Ici, encore l’animation s’inspire du vivant et nécessite d’être flexible et agile. Comme nous l’avons vu ci-dessus, les phases d’inspiration et d’expiration relèvent de 2 modes de pensées opposées. Si nous avons tous ces 2 facultés, nous pouvons avoir un mode préférentiel (cf modèle des préférences cérébrales de Hermann), un mode de pensée dans lequel nous sommes plus à l’aise que l’autre. C’est pourquoi il est tout à fait possible qu’un animateur facilite la phase d’exploration, et qu’une autre personne, plus à l’aise avec la pensée convergente, anime la phase de choix.
La check-list Coévolution pour mener efficacement vos brainstormings
En amont, le « client » du résultat du brainstorming, avec l’aide du facilitateur de cet exercice a bien spécifié la problématique, le sujet et les critères de tri.
- Introduction et déroulé : l’animateur clarifie le processus et valide que chaque participant a bien compris les étapes, le déroulé.
- Objectif : l’animateur fait valider le problème à résoudre et s’assure que tout les participants l’on bien assimilé.
- Phase d’inspiration (en un temps limité) maximum 20 minutes. L’animateur encourage la spontanéité et la créativité : il utilise des outils (techniques des associations d’idées…), il amène les participants à aller au bout des idées. Il précise les règles du jeu :
- « Se dire OUI »: toute forme de critique ou d’autocensure doit être bannie : pour ses propres idées comme pour celles des autres. Les participants sont invités à être ouvert d’esprit.
- « Produire, produire, produire» : l’objectif est de produire une importante quantité d’idées. Plus il y aura d’idées, plus le groupe aura de chances d’avoir de bonnes idées.
- « Grain de folie »: laisser libre court à son imagination, aux idées folles et fantaisistes.
- « Jouer »: partir des idées des autres pour bâtir les siennes…. L’animateur peut entretenir cette dynamique en faisant appel à d’autres modes de stimulation créatives ou de pensées latérales.
- « Tracer »: toutes les idées doivent être écrites, sans filtre.
- « Ici et maintenant »: ce qui s’est dit pendant le brainstorming n’est valable que pendant ce temps d’échange.
- Phase d’expiration : pas de limite de temps imposée. Si les critères sont clairs et partagées, 20 minutes peuvent suffire également pour cette phase de tri.
- L’animateur incite le groupe à regrouper, trier et éliminer les idées en se centrant sur les solutions nouvelles, réalisables et qui apportent une réponse à l’objectif.
- L’animateur accompagne le groupe dans le choix des meilleures solutions, il reste fidèle à sa posture de facilitateur.
- Conclusion :
- L’animateur incite l’équipe à construire un plan d’actions concret, mesurable et séquencé.
- Il l’encourage à être à nouveau créatif dans sa mise en œuvre.
Je vous souhaite beaucoup de remue-méninges vivants et productifs ;-).
Auteur : Sylvaine Scheffer.